
En arabe comme en turc, « Insan » signifie « être humain » : comme le précisent les artistes dans le livret, « Insanistan » signifierait donc « Le pays des humains », sur le modèle de : Kurdistan, Tadjikistan,… : « Que nos pensées prennent des ailes, que notre espoir reste vif (…), que les maux de notre espèce ne puissent corroder nos coeurs ! ». Ils nous disent aussi : « Insanistan évoque à la fois la singularité de chacun et le chemin que nous partageons avec tous les êtres vivants ».
Ecouter : youtube.be/49tS7ZJ4S0
Le collectif Medz Bazar est composé de cinq musiciens turcs, arméniens et français – avec ici quelques invités – et l’album s’ouvre sur une composition chantée en turc, « Insanistan’a Hosgeldiniz », où règne la célèbre clarinette des musiques traditionnelles de ce pays. S’ensuit aussitôt une chanson portant aussi le titre « Insanistan », et chantée à la fois en turc… et en arménien. Paroles :
« Bienvenue au pays des humains !
On y naît, on y grandit
On y apprend la vie
On aime, puis on y meurt ».
Car les musiciens et les poètes ont toujours tordu le cou, depuis des siècles, à toutes les folies identitaires, qui ne mènent qu’à des guerres et des massacres. Et cet album « Insanistan » fait ainsi écho :
- au cri de Brassens, « La ballade des gens qui sont nés quelque part » (« Quand sonne le tocsin sur leur bonheur précaire /Contre les étrangers tous plus ou moins barbares/Ils sortent de leur trou pour mourir à la guerre/Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part ») ;
- – au poème « Étranges étrangers » de Prévert ;
- ou encore à la chanson « Lily » de Pierre Perret, sur une jeune immigrée venue de Somalie…
L’album mêle compositions propres au groupe et chansons traditionnelles, tel le traditionnel arménien « Bourmadigin » (« Bourmadigin est arrivée/avec son chapeau rouge/et son châle vert/Que la vache donne du lait !/Que la poule donne des oeufs !/Que la marmite se remplisse de boulgour ! » ; ou encore « Fui ao céu », traditionnel portugais, avec la très jolie voix de : Sara Yasmine ? Autre ? (le livret ne précise pas !) . Nos artistes chantent aussi en anglais (« I saw you fly »), nouvelle lingua franca.
Racines, racines… : dans cet album, le Collectif Medz Bazar, qui est né à Paris et qui réunit un quintet d’artistes venus d’horizons divers, nous démontre, en paroles et en musique, la force des racines, qui continuent de nourrir tout être humain, même en exil en terres étrangères…
Une vraie réussite que cet album à la fois métissé et enraciné, donc !