TIBET-BELGIQUE : AMERLI, REFUGEES FOR REFUGEES, Muziekpublique

REFUGEESVoilà un disque formidable, né en outre d’une excellente idée ! En Belgique affluent, comme dans d’autres pays d’Europe, de nombreux réfugiés qui fuient un pays en guerre, une dictature ou un gouvernement qui les maltraite. Or parmi eux se trouvent, aussi, d’excellents musiciens…

L’association Muziekpublique, qui tient à la fois une école de musiques du monde et une salle de spectacles, au centre de Bruxelles, a réuni ici une vingtaine d’entre eux, venus de Syrie, d’Irak, d’Afghanistan ou du Tibet, diplômés des meilleures écoles de musique de leur pays ou bien autodidactes comme nombre de musiciens populaires de ces pays.

Le disque s’ouvre sur un chant magnifique de la Tibétaine Dolma Renqingi, accompagnée par Kelsang Hula qui joue du violon local « dramyen ». C’est un hommage à la beauté du mont Everest, près duquel sont nés les deux artistes, et l’on sait que les Tibétains vouent un véritable culte à la Beauté du Monde, improvisant de véritables lieux de culte, qui deviennent parfois temples, pas sur les tombes de saints, mais simplement devant des « panoramas » extraordinaires, indiqués sur les cartes comme chez nous les monuments remarquables…

Le reste du disque se déroule avec des artistes tout aussi excellents (et des félicitations pour l’excellente qualité de la prise de son, et la qualité technique du disque en général)

: l’Irakien Fakher Madallal nous lance ses « Aman ! Aman ! » avec, dans la voix, comme la douleur d’un SOS… Son compatriote Ali Shaker Hassan Al-Bayati – car l’Irak, comme toute civilisation riche, fut riche en musiciens de haut vol – nous offre ses raffinements au qanoun, la cithare arabe. L’Afghan Aman Yusufi nous chante Nowrouz, fête du Printemps qui est le nouvel an afghan et persan, fêté le 21 mars, et aujourd’hui interdite par les Talibans qui tiennent le pays… La chanson décrit comment les filles sont belles ce jour-là, mais il est vrai que voilées de pied en cap cette chanson n’aurait plus aucun sens !…

Avec une chanson traditionnelle pakistanaise chantée par Asad Qizilbash, où une fillette demande à son père de lui rapporter une poupée de la ville, c’est tout le drame de l’exode rural dans ce pays qui est évoqué, et de l’absence des pères pendant des mois, voire des années, loin de leur famille…

Une partie des bénéfices de ce disque est reversée à deux associations belges qui mènent des actions de terrain pour les réfugiés : Globe Aroma et Synergie 14.

Ce ne serait qu’une raison de plus pour acheter ce disque, disponible mondialement en version digitale. Et d’inviter, surtout, ces musiciens à se produire en concert, pour leur permettre de gagner leur vie, dans leur nouvelle vie en Europe…

www.muziekpublique.be