ANTONIO ZAMBUJO: Rua da Emenda (World Village/Harmonia Mundi)
Antonio Zambujo nous revient, avec la liberté qu’autorise la maturité. Si l’artiste s’était fait connaître en chantant le fado, ce sont les rives de l’immense continent de la chanson qu’il a désormais envie d’explorer. Et nous embarquons avec plaisir avec lui !
L’artiste nous chante bien sûr quelques fados, car c’est par le fado qu’il s’est fait connaître. Mais le voici ici voguant sur un rythme de java, accompagné d’un accordéon – sommes-nous à Paris ? («Pica do 7»). Dans «Barata Tonita» ce sont les cuivres d’une joyeuse fanfare, à l’italienne, dans un esprit à la Nino Rota, qui viennent animer une chanson enlevée au rythme d’un trot de cheval. La «Valsa de um Pavao Ciumento» est une valse (lente), comme son nom l’indique… Et la «Cançao de Brazzaville» tangue sur des rythmes venus non pas du Congo-Brazza, mais d’Afrique lusophone, Angola ou Cap-Vert, dont les traditions musicales s’entrecroisent…
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Et lorsqu’Antonio Zambujo nous offre une chanson en français – «La chanson de Prévert» de Gainsbourg – il la transforme… en fado ! («Oh je voudrais tant que tu te souviennes/Cette chanson était la tienne/ C’était ta préférée je crois/Elle était de Prévert et Kosma…»). Car, comme Gainsbourg transformant «La Marseillaise» en reggae, Zambujo a enrobé cette chanson française dans des guitares portugaises et des rythmes circulaires chers au fado portugais…
Se libérer du fado ? Et pourquoi pas ? Alors que les musiques d’autres pays font désormais partie du paysage musical de tous les artistes où qu’ils vivent, Antonio Zambujo est libre de chanter tous les rythmes et traditions musicales qu’il aime – et pas seulement le fado !
Nous sommes fans d’Antonio Zambujo depuis ses débuts. Et chacun de ses disques nous enchante…