CITYBEATS (Collectif), Absilone/Crossover Prod
Voici une excellente anthologie de la nouvelle scène musicale arabe, présentée par RFI Talents (Radio France Internationale) et Crossoverprod, boîte de prod basée à Paris et spécialisée sur les musiques arabes. Le pari : une dizaine d’artistes qui représentent autant de pays et d’univers différents, pour nous montrer la richesse de la création musicale arabe, depuis l’éclosion des Printemps Arabes. Exemples :
– Le Franco-palestinien DJ Sotusura rappe en arabe ;
- sur un accompagnement electro-beat, la Tunisienne Ghalia Ben Ali chante en s’inspirant de la cantillation coranique avec ses longues voyelles (ex : « asdiqaaaaaaa’i » (mes amis), « assawwwwwwwwt » (la voix), etc.) ;
- les Marocains du groupe Hoba Hoba Spirit nous font entendre leur rock insolent, violent et rebelle, chanson bilingue français/arabe comme la société marocaine elle-même aujourd’hui ;
- le clarinettiste syrien Kinan Azmeh nous offre une excellente pièce instrumentale où l’univers classique, violoncelle à l’appui, se marie avec l’Orient fort harmonieusement ;
- la Soudanaise Rasha Sheikh Eldin utilise l’arabe classique et le ‘oud pour affirmer un enracinement dans une tradition.
- etc.
Tradition : justement, à l’écoute de cet album, nous saluons à la fois la formidable libération de la créativité musicale dans le monde arabe, tout en espérant que cette nouvelle génération ne jettera pas le bébé avec l’eau du bain, c’est-à-dire gardera ses racines. Car lorsque l’on entend certains riffs de guitare marocains trop évidemment copiés sur ceux des années 70 en Occident, ou dans un autre registre May al Qasim, artiste née à Bahrein et qui vit à Dubaï, qui reproduit la variété américaine de bas étage, l’on se dit que la modernité et l’ouverture sont nécessaires pour que se développe la créativité musicale dans la région, mais ils ne sont pas toujours gages de qualité et d’authenticité. « Brise tes chaînes et tu es libre, perds tes racines et tu meurs » dit un proverbe africain….