CHIN NA NA POUN:
« Au cabanon », Buda Musique
Nous voici à Marseille, et dans la langue occitane, avec cet album de Manu Théron (chant et percussions), Patrick Vaillant (mandoline électrique, mélodica, chant) et Daniel Malavergne (tuba, baryton de fanfare, chant).
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=mqYemxOWPVk&w=480&h=390]
Petit rappel: Manu Théron est la voix du groupe Lo còr de la plana (prononcez “Lou couèr dé la plano”), qui réunit des musiciens du quartier de La Plaine, à Marseille, qui chantent en occitan.
Ici en trio, il nous livre un album aussi métissé que la ville de Marseille, où se croisent chanson napolitaine (“Vurria fari un palaggu”, “Cannetella”), chanson espagnole et tango argentin (“Rocio”, “Lunita nueva”), ou chanson occitane (“Jan trespassa”…). Un album aux parfums délicieusement rétros, qui respire le Marseille des années 30 et 40, quand les Catalans, arrivés d’Espagne, donnaient leur nom à une plage, et que les Marseillais aux patronymes italiens étaient pour la plupart fraîchement arrivés d’au-delà les Alpes…
En bon Marseillais qui aime sa ville, Manu Théron s’insurge, dans la chanson-titre, “Au cabanon”, contre les transformations radicales que subit Marseille depuis quelques années, et contre la modernisation et le “nettoyage” que l’on inflige à certains de ses quartiers les plus populaires… :
“Je ne comprends pas comme a changé Marseille
Je ne reconnais plus notre belle ville
Si on nous dit que c’est une merveille
Je pense moi qu’elle était plus belle hier
De nouveaux habitants s’y cassent le museau
En y traînant de mauvaises briques
Ca fait peine de les voir tous courir
Pour vendre ou acheter un cabanon
Le Tgv arrive de la capitale
Remplir la ville de ses franchimands
Ils croient qu’ici les gens se la coulent douce
Que c’est un pays de voleurs et de feignants
Ils verront avec le travail qu’on y trouve
Combien ils sont payés et s’il reste assez
Pour faire passer l’amertume du ragoût
Qu’ils mangent pour avoir leur cabanon
(…)
Et puis ils nettoient rue après rue
En prétendant que c’est pour notre sécurité (…)
Car si vous chassez les pauvres du quartier
La plus grande partie crèveront
Plutôt que de s’en aller de Marseille
Ils ne laisseront pas leur pauvre cabanon…”
Ah, au fait, que veut dire “Chin na na poun”? C’est le chansonnier marseillais Victor Gelu (1806-1885, une stèle lui a été érigée sur le vieux port), qui a inventé le mot, pour désigner une chanson “que seuls un tuba, une mandoline et une voix peuvent légitimement interpréter” (sic!). Et cet album est dédié à celui que l’on appelait “le poète du peuple marseillais”…
www.myspace.com/chinanapoun