MAÏA BAROUH : Kodama (Saravah)
Les sons décoiffants de l’électro et du free jazz au service des chants traditionnels du Japon : voilà ce que nous propose la jeune jazzwoman Maïa Barouh. Sur scène, un phénomène !
Voilà un magnifique exemple de l’attachement à des racines culturelles ancestrales, dans notre XXI° siècle d’hyper-modernité : Maïa Barouh, née d’un père français et d’une mère japonaise, est partie à la recherche de chants traditionnels du Japon – chants de pêcheurs, de paysans, de marins, chants de fêtes traditionnelles aussi – et les fait vivre à l’heure d’aujourd’hui, avec un habillage électro.
Nous l’avons vue sur scène, dans le cadre des «Lundis c’est Rémy» (Kolpa Kopoul), au Jamel Comedy Club à Paris : Maïa Barouh est un phénomène musical comme on en voit peu ! Auteur, compositrice, interprète, flûtiste aussi (formée au classique et au jazz), Maïa a créé un univers qui n’appartient qu’à elle, mélange des cultures qui façonnent son identité, des partis-pris et engagements qui sont les siens aussi.
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Car la modernité extrême de la musique de Maïa – de l’électro japonais et des sons étonnants qu’elle et ses musiciens asiatiques créent, aussi bien en acoustique avec sa flûte qu’avec des ordinateurs – sert un propos : celui de la défense de cultures menacées. Ainsi, elle nous offre un chant venant d’une île du Sud du Japon, celle où vit le peuple Amami, où les musiques traditionnelles ont «résisté à l’occupation japonaise du 18ème siècle et à l’occupation américaine (…) parce que dans cette île on chante et danse tous les jours»…
De même, elle est partie recueillir les chants de la région de Fukushima, et elle mêle ainsi les paroles d’un chant traditionnel – chant d’exil de paysans partis gagner leur vie à la ville – avec ses propres paroles, tranchantes comme un couperet : la simple liste de la durée de vie de quelques éléments sur terre : «Homme/74 ans – Femme/85 ans – Krypton/20 ans – Plutonium/48600 ans – Plutonium 244/160 millions d’années – Uranium 238/9 milliards d’années…»
Maïa explique dans le livret : «Kodoma signifie «échos» en japonais. Les sons me viennent après avoir ricoché pendant des années, contre des forêts et des montagnes. C’est mon tour maintenant de les lancer à nouveau dans l’air, en espérant qu’après avoir touché quelques murs de béton, ils continueront de voyager comme échos, et pourront toucher d’autres personnes…»
Pari gagné, Maïa…! Nous qui ne connaissons rien du Japon ou de ses musiques d’aujourd’hui, avons été emportés !
Elle sera en concert avec son groupe le 6 Mars à La Maroquinerie, à Paris, et entame une tournée en France, après une série de concerts au Japon et en Angleterre.
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