Le Festival Jazzycolors, organisé par le Forum des Instituts culturels étrangers à Paris, nous a encore offert un magnifique concert hier soir (mardi 3 décembre 2024), avec le formidable groupe de jazz hongrois East Gipsy Band.
Chaque année depuis 2003 ce festival nous fait découvrir des artistes de jazz, européens et internationaux, célèbres dans leur pays mais encore trop peu connus du public français. Cette année ces musiciens et musiciennes venaient de 16 pays : Danemark, Estonie, Autriche, Serbie, Grèce, Taïwan, Tchéquie, Portugal, Irlande, Slovaquie, Canada, Luxembourg, Finlande, Bulgarie, Suisse, et Hongrie donc (détails de la programmation sur www.ficep.org ).
Hier soir, dans le cadre idyllique de la péniche Le Son de la Terre, nouvelle salle de spectacle amarrée au pied de Notre-Dame, dont le nom explique clairement la mission, nous avons d’abord vibré au son déchirant des chants tsiganes, qui ouvraient le concert. Je ne sais pas pour vous, mais ces chants tsiganes hongrois, roumains, serbes, bref des Balkans, me touchent directement au coeur : tant d’émotion devenue musique… Jugez-en :
Depuis des années que nous assistons à des concerts de jazz, nous n’avions encore jamais eu le bonheur d’entendre, dans une formation de jazz… un cymbalum ! Et cet instrument traditionnel hongrois, et régional, sait parfaitement parler jazz ! Car ils étaient quatre hier soir, car le East Gipsy Band est à géométrie variable, et inclut parfois un violon ou un saxo : hier nous avions un quartet composé de : József Balázs au piano, Vilmos Oláh au cymbalum, Guszti Balogh au chant, et Elemér Balázs aux percussions.
Quatre musiciens formidables, et le chant déchirant tsigane, heureusement, se transforme souvent en chanson joyeuse et dansante, car étonnamment, il lui sert souvent de prélude – ce que nous avons rarement dans la chanson française, ou arabe par exemple. Nous n’avons pas retenu l’expression hongroise qui consiste à dire « Faisons la fête ensemble », mais cela ressemble phonétiquement à quelque chose comme « Tchinalyung » (lecteur/lectrice hongrois/e, si vous la connaissez, merci de me la communiquer !). Car hier soir le public – incluant votre servante – s’est vite levé, au bout de quelques compositions, pour danser sur ces musiques incroyablement gaies, qui sont faites pour danser !
Europe, Europe… : alors que l’on parle tant d’Europe dans les médias, pourquoi diable connaît-on si peu, en France, de musiciens de jazz d’autres pays européens ? Car à l’écoute d’une chanson que l’on nous présentait comme composée en hommage à Django Reinhardt, et dont nous n’avons compris dans les paroles que ce seul nom propre (car toutes les compositions du groupe étaient chantées en hongrois ou en langue rom), à entendre ce nom chanté qui revenait de manière lancinante, comme un cri d’amour et de tristesse à un ami disparu, il nous a semblé évident que le jazz est totalement devenu un langage musical universel, car il relie, à travers pays et continents, des hommes et femmes, qu’ils soient musiciens ou simple public, qui partagent la même passion, et vibrent pareillement en écoutant Django Reinhardt, Ella Fitzgerald, Duke Ellington, et autres étoiles du jazz.
Jazzmen et amoureux du jazz de tous pays, nous sommes tous unis, et c’est un sentiment magnifique ! Je vous écris cet article en écoutant sur youtube ce groupe formidable, et me revient en mémoire ce séjour à Budapest il y a quelques années, ville tellement musicale… Je ne comprends pas un traître mot de hongrois, mais Bon Dieu, comme je comprends ce que me dit le East Gipsy Band en musique !
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Jazzycolors était placé cette année sous le parrainage du pianiste de jazz Bojan Z, originaire de Serbie et installé en France.
East Gipsy Band : https://www.facebook.com/eastgipsyband
Institut Hongrois à Paris : https://culture.hu/fr/paris
Les détails de la programmation du festival Jazzycolors : www.ficep.info
Péniche Le Son de la Terre : www.sondelaterre.fr – @sondelaterre.fr