DJAM – B.O. du film de Tony Gatlif, Frémeaux & Asssociés
Le dernier film du cinéaste Tony Gatlif raconte l’histoire d’un marin vivant sur une île grecque qui envoie sa nièce acheter une pièce pour son bateau à Istanbul. Et toute la bande-son est une suite de chansons de rébétiko, cette musique qui, comme les personnages du film, oscille constamment entre Grèce et Turquie. Car le rébétiko emprunte à la fois aux rythmes de danses des Balkans, de ces danses énergiques que l’on danse en frappant du pied au sol, et aux mélodies orientales langoureuses de Turquie – et l’on peut aussi bien inverser ces phrases, car il y a des danses énergiques turques aussi et des airs grecs langoureux, tant la Grèce et la Turquie actuelles se sont fondues dans le passé, unies pendant des siècles par l’Empire ottoman qui les embrassait toutes deux.
Comme Tony Gatlif, tombé amoureux du rébétiko qu’il a découvert en 1983 au cours d’un voyage en Turquie, nous aimons beaucoup ces chansons qui mêlent Orient et Occident, et où la mélancolie profonde d’un solo de ‘oud alterne avec des chants collectifs et joyeux faits pour accompagner des danses bien arrosées de raki dans un café populaire d’Athènes ou de Smyrne…
Le rébétiko est né au début du siècle suite au démantèlement de l’Empire ottoman et à la création de la Turquie moderne par Atatürk, et qui engendra des migrations massives de Grecs chrétiens installés en Turquie vers la Grèce, et de Turcs installés en Grèce vers la nouvelle république turque.
Chants d’exil donc, chants populaires surtout, nés dans les tavernes et les cabarets des grands ports de la région, oui le rébétiko, qui vit toujours, incarné par une nouvelle génération d’artistes talentueux, comme Cigdem Aslan, est une musique qui vous prend aux tripes, et vous donne envie de prendre un billet très vite pour Istanbul ou Smyrne…