Nous aimons beaucoup le Rebetiko, et nous vous avons souvent présenté ici des disques offrant la tradition musicale de Smyrne, ville-port, ville-rencontre, très riche musicalement comme tous les ports du monde.
Smyrne est devenue Izmir, la ville cosmopolite est devenue turque, mais ses arrières-petits-enfants, même lorsqu’ils vivent en Occident à cause des exils qui vida la ville d’une partie de sa population à la chute de l’Empire ottoman au début du XX° siècle (Grecs chrétiens quittant le nouveau pays qui naissait, la Turquie, à majorité musulmane), continuent – ô miracle – à chanter en grec…
La chanteuse Maria Simoglu nous offre donc ici des airs traditionnels, entourée de musiciens, tous grecs si l’on en croit leurs noms sur le livret, qui jouent d’instruments traditionnels que l’on joue aussi dans le monde turc et arabe comme le ney, le saz ou le qanoun. Si la langue est grecque, les mélodies sont parfois très orientales, comme dans «Férte byres Ta ksimeromata», ou encore dans «Mésa sto vathy skotai» où l’on trouve carrément un rythme de danse du ventre ! D’autres rappellent les mélodies monodiques des rites religieux chrétiens de la région, comme «Tis agapis to votani».
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Le groupe s’est souvent produit à Marseille, où affluèrent beaucoup des exilés fuyant Smyrne, et où vit une petite minorité grecque toujours fidèle à ses racines. Nous connaissons à Marseille, près de la plage de La Couronne, un petit restaurant tenu par un Marseillais, petit-fils de Grecs exilés ici, toujours attaché à ses racines, qui diffuse de la musique grecque dans son resto, et arbore fièrement le drapeau bleu du pays de ses grands-parents… Racines, ô racines…
MARIA SIMOGLU ENSEMBLE, Minore Manes, Rebétika songs of Smyrna, Buda Musique