MOUSSU T E LEI JOVENTS, Putan de cançon, Le chant du monde/Harmonia Mundi
Nous adorons le groupe Moussu T e lei Jovents, basé à La Ciotat près de Marseille.
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=Pf59KUMRgYs&w=480&h=390]
Ils élaborent depuis leur création en 2004 un répertoire de chansons joyeuses, impertinentes, et néanmoins engagées, qui ne font pas que “fleurir bon le Sud” parce qu’il y fait chaud et qu’il y a la mer et le soleil, mais qui s’enracinent dans un Sud politique, vécu comme une résistance à un “Nord” métaphorique qui veut imposer, au Sud de la France et au monde entier, un ordre, économique et social, qui n’est pas forcément en harmonie avec les modes de vie et les coutumes locales…
Et voilà un album formidable, où l’inspiration est toujours au rendez-vous, pour des chansons qui reflètent toute une philosophie de la vie, heureuse et tranquille, manière de nous dire que le bonheur de vivre est la chose la plus importante au monde – ce que le rythme effréné imposé à nos vies modernes veut contredire chaque jour.
Ainsi, dans “L’horloge”, Tatou, le chanteur du groupe, parlant au nom du groupe, et d’un groupe de gens encore plus important sur la planète sans doute, nous alerte:
“On ne prend plus le temps le temps de rire
On ne prend plus le temps le temps d’aimer
On ne prend plus le temps le temps d’écrire
Des lettres à nos bien-aimés
On perd notre temps à s’enfuir
On perd notre temps à ramer
On perd notre temps à courir
Pour être en tête à l’arrivée…”
Dans “Bons baisers de Marseille”, il écrit une tendre carte postale:
“A l’encre bleue d’un vieux stylo
Au bord de l’eau je t’écris un mot
Rien qu’un oiseau qui me surveille
Je pense à toi
Bons baisers de Marseille (…)
Je connais bien cet endroit
Où l’on marche dans le froid
Où on se bat pour gagner sa pitance
Où le soir au creux du lit
On se dit quelle folie
D’avoir laissé les couleurs de l’enfance”
L’humour est au rendez-vous dans “Quand je la vois je fonds” (‘Je suis son petit sucre quand elle est mon café/Je suis sa céréale quand elle est mon bol de café”…). “Mon ouragan” est une vraie déclaration d’amour, même si elle commence par “Je te déteste quand tu fais ta peste”: ici l’amour est passionné, mais franc ! L’engagement politique – façon Brassens dans “La mauvaise réputation” (“Mais les braves gens n’aiment pas que/L’on suive une autre route qu’eux…”), est clairement exprimé dans “Empêche-moi”, qui fustige la pensée unique et l’homogénéisation des comportements.
Et la beauté des lieux – des “barques peintes de couleurs vives” de La Ciotat à la couleur de la mer, est chantée avec une passion pour l’endroit où l’on vit que n’a chanté récemment, avec le même amour, que Claude Nougaro pour sa Toulouse natale, et qui était un autre homme du Sud…
Au total un album merveilleux, qui place Moussu T e lei Jovents haut dans le palmarès des meilleurs artistes français d’aujourd’hui, par leur musique et leur message qui atteignent l’universel – même quand ils chantent en occitan! – tout en étant enracinés dans un lieu passionnément aimé. Il y a eu Trénet et Brassens chantant Sète, Brel et son plat pays, Nougaro et Toulouse, c’est aujourd’hui Moussu T e lei Jovents qui, de La Ciotat, chantent, comme leurs aînés, à la fois leur ville, et nos émotions humaines…
www.moussut.ohaime.com