PACO EL LOBO, Mi camino flamenco, Buda Musique/Distrib. Universal
“Paco le loup”, comme il se surnomme, fait partie de ces gitans de France (il est né à Paris) qui restent irrésistiblement enracinés dans la tradition du flamenco espagnol de leurs origines.
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En mai dernier, c’est d’ailleurs en partenariat avec l’Ambassade d’Espagne que l’artiste présentait, sur le parvis de l’Hôtel de Ville à Paris, un spectacle flamenco chant et danse: quelle plus belle consécration – et déclaration réciproque d’adoption!
Guitariste autodidacte, comme nombre d’artistes gitans et du flamenco depuis toujours, Paco a eu une enfance difficile – “ bidonvilles et roulotte” comme il l’explique – et a été lacé en maison de correction pendant 6 ans. Et c’est véritablement la musique qui l’a sauvé: accueilli à la sortie de son internement chez son parrain dans le pays basque, c’est dans la maison de ce dernier, passionné de flamenco, qu’il va écouter cette musique, rencontrer d’autres passionnés de flamenco, et apprendre l’espagnol.
Il part ensuite à Madrid se plonger parmi les professionnels du flamenco – la vieille génération est encore là, c’est le début des années 70. Pepe de la Matrona (1887-1979), aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands cantaors, le prend sous son aile. Paco a raconté cette expérience à Francis Marmande, journaliste au Monde: “Pour moi, c’étaient des dieux. Leurs familles les méprisaient. Dans la ville, ils étaient considérés. Ils devaient se faire inviter à droite à gauche. Personne ne s’intéressait à eux. On les prenait pour des fainéants qui faisaient ay-ay-ay”… En Espagne, Paco rencontre aussi la nouvelle garde du flamenco, celle qui est en train de le moderniser, et de le faire revivre auprès du public: Camaron de la Isla, et Paco de Lucia.
Paco est retourné vivre en France, et il consacre une part importante de son temps à la transmission pédagogique de son art, par exemple dans les écoles. La pédagogie est aussi l’esprit qui anime le livret du cd, qu’il a rédigé, et où il nous explique l’origine et les spécificités des nombreux genres du flamenco: buleria, fandango, rumba, mariana, mirabras, etc…
Toutes les chansons sont chantées en espagnol, sur ses propres textes et compositions, ou des airs traditionnels. Et tout l’esprit des “coplas” andalouses, ces courts poèmes d’amour usant de mots simples et d’images de tous les jours – parce qu’elles étaient composées par tout un chacun, et non par une élite de lettrés – est préservé dans ces chansons qui continuent de chanter, comme depuis des siècles, sur des airs tristes ou enflammés, l’amour, les roses, les larmes, la beauté d’une belle… Ainsi dans “La Bahia”:
“Quand je t’ai vue venir
J’ai dit à mon coeur
Quelle belle petite pierre
Pour trébucher..”
Ou dans “Maestro Chano:
“Tu es plus mignonne
Tu es plus belle
Que les oeillets rouges
Qui se penchent au balcon”
Un album qui plaira à tous les amoureux du flamenco et de l’Espagne.
www.pacoellobo.com
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