CHRISTINA ROSMINI, Tio Brassens, L’Autre Distribution
Voici le dernier album de Christina Rosmini, tiré d’un spectacle qui fait salle comble à Avignon en cet été 2018 : « Tio Brassens » (l’oncle Brassens, en espagnol). L’artiste réussit la prouesse de « aflamencar » le barde de Sète (l’offrir à la mode flamenco), en apportant, aux chansons célèbres que nous connaissons tous, une touche andalouse, pour la langue (car elle chante parfois Brassens en espagnol, comme il le fit lui-même aussi parfois), mais aussi surtout, pour la guitare et le rythme.
Le spectacle raconte une histoire vraie : comment Christina, née dans une famille espagnolo-italo-corse, s’est construite une identité française, ainsi que toute sa famille… en chantant les chansons de Brassens !
Car Christina a eu la chance de grandir, comme Brassens lui-même, dans une famille où l’on chantait beaucoup, à Marseille pour l’une et à Sète pour l’autre, c’est-à-dire tous deux dans ce Sud de la France où l’on chantait beaucoup jusqu’aux années 60 ; et Christina, avant même de devenir artiste, et a fortiori de préparer ce spectacle, connaissait déjà des dizaines de chansons de Brassens par coeur…
« La visite » (« On venait du pays voisin/On n’avait aucune intention/De razzia, de déprédation/Aucun but illicite/On venait pas piller chez eux/On venait pas gober leurs œufs/On venait en visite… »), « Gastibelza », « La Prière », « L’ancêtre », et autres titres célèbres : Christina raconte sa propre histoire, en empruntant les chansons et les mots de Georges.
Le spectacle est joyeux, enlevé, drôle parfois, comme tous les spectacles de la pétulante artiste marseillaise, que babelmed aime beaucoup, depuis ses premiers albums ! Et le disque réussit cette prouesse, de nous faire ré-entendre les mots et toute la profondeur de sens, de ces chansons que nous croyions connaître par coeur.
De son nuage là-haut, j’en suis sûre, l’oncle Brassens a bien voulu donner sa bénédiction, ou sinon une belle accolade, à cette nièce adoptive…