ESPAGNE-FRANCE : le flamenco vocal de Paloma Pradal

PALOMA, Rabia (Le Triton)

PALOMA PRADAL & JEAN-MARC PADOVANI, Canciones (Homerecords).

Nous recevons coup sur coup deux disques de Paloma Pradal, que nous connaissions pour l’avoir entendue chanter, dans l’album « Herencia » (Héritage), en trio aux côtés de son frère Rafael Pradal (pianiste) et de son père Vicente (chant). Dans « Canciones », Paloma et le saxophoniste Jean-Marc Padovani redonnent vie au catalogue des anciennes chansons espagnoles qu’avait recueillies en son temps le poète Federico Garcia Lorca. L’on sait qu’il s’intéressait avec passion à la musique, et au flamenco en particulier, et nos deux artistes nous rappelle qu’il disait de lui : « Yo, ante todo, soy musico » (Moi, avant tout, je suis musicien).

Voici donc, portés par le chant éminemment « flamenco » de Paloma Pradal, ces chants anciens. Elle s’accompagne ici du saxophone langoureux de Jean-Marc Padovani, mais elle invite aussi des musiciens amis, violonistes classiques, violoncelliste et alto de l’Ensemble Musique et Vous, contrebasse et percussions aussi, et chacun, comme dans une « auberge espagnole » musicale, vient apporter sa voix et son langage.

Mais nous découvrons Paloma au sommet de son art dans l’album « Rabia » (Rage), son premier album solo. Là, sa voix s’épanouit pleinement, intensément expressive, rauque et âpre, qui nous évoque immédiatement la grande chanteuse flamenca Buika, ou au masculin le grand Diego El Cigala – ce n’est pas peu dire ! Dans cet album Paloma se fait plaisir, en s’appropriant des chansons qu’elle aime – « Ne me quitte pas » de Brel (No me dejes – traduction Vicente Pradal) ou encore la célèbre « La Paloma » du non moins célèbre musicien cubain des années 40 Eduardo Lecuona, mais aussi en nous offrant ses propres compositions (« Rabia ») ou ces chansons populaires espagnoles qu’elle affectionne (« Nana de Sevilla »).

Avec cet album, Paloma (qui a laissé tomber son nom de famille pour mieux s’affirmer) s’affirme comme une authentique chanteuse de flamenco, qui porte le « Cante Jondo », ce chant de profondeur, de douleur et de mélancolie, ancré dans le coeur. Et qui porte aussi la joie et le sens de la fête des hispaniques, et qui aime tout autant nous faire danser sur des airs cubains célèbres, comme « El Mansiero » (Mani, mani, si te quieres por el pico divertir…).

Voici « Ne me quitte pas », par Paloma :

https://www.youtube.com/watch?v=9jYojbi4S3A

https://www.facebook.com/Paloma-Pradal-Officiel-1412912425632619/