CITÉ DE LA MUSIQUE À MARSEILLE : Du Vénézuela à l’Indonésie, une formidable soirée-concert pour lancer la saison 2024-25 !

VÉNÉZUELA – INDONÉSIE – LIBAN – MARSEILLE

Vendredi 4 octobre dernier, la Cité de la Musique de Marseille nous a offert une formidable soirée-concert pour présenter sa nouvelle saison musicale pour 2024-25. 

Avec un nouveau slogan – « Aux rythmes du monde » – et un nouveau logo, qui évoque à la fois un tatouage berbère, des cordes de guitare et des ondes musicales, la Cité de la Musique affirme plus que jamais sa volonté de « tisser des liens » entre toutes les musiques donc toutes les cultures, traditionnelles et actuelles, comme l’ont rappelé en ouverture de la soirée son directeur, Eric Michel, ainsi que Manu Théron, le célèbre artiste marseillais de musiques occitanes, qui a coordonné cette saison.

Deux concerts formidables donnaient le ton et l’esprit d’une programmation éclectique qui comptera quelque 60 concerts, une partie d’entre eux étant réalisés en partenariat avec plusieurs festivals, marseillais ou régionaux. Egypte, Iran, Inde, Italie, Argentine, Ethiopie, Brésil, Bulgarie et plus loin encore, mais aussi musiques électroniques et musique classique, et surtout, surtout, car tel est l’ADN de la Cité de la Musique, des croisements et rencontres entre traditions de tel pays et de tel autre, et entre répertoires traditionnels et créations d’aujourd’hui. 

L’artiste vénézuelienne Rebecca Roger Cruz, accompagnée de son groupe de 4 musiciens (Sylvain Rabourdin au violon, Léonore Grollemund au violoncelle, Léna Aubert à la contrebasse et Juri Cainero aux percussions), nous a transportés dans son univers rythmé et coloré, peuplé de chants d’oiseaux comme dans les forêts du Vénézuela, avec ses propres compositions riches et puissantes, mais aussi avec des créations étonnantes, comme la reprise du tout baroque « Let me weep » de Purcell, que l’artiste s’est totalement approprié pour nous le restituer plus vivant que jamais. Voix profonde et vibrante, présence scénique formidable, inventivité des accompagnements musicaux (avec un salut particulier à Juri Cainero, très créatif percussionniste, mais aussi à l’artiste elle-même, quand elle rythme son chant de percussions !) : le groupe entre en studio dans deux semaines pour leur premier album, et déjà nous savons que nous avons devant nous une grande artiste, dont nous pourrons dire, dans 10 ou 20 ans, que nous avons assisté à ses débuts ! Car Rebecca Roger Cruz ira loin, on le sent, ayant tout juste bénéficié d’une résidence de création à la Cité de la Musique, dont le rôle est aussi de repérer des talents émergents, et déjà programmée dans quelques festivals de la région, comme Les Suds à Arles.

Le deuxième concert ressortait de cette même volonté de croiser des traditions différentes, et cette fois-ci le gamelan indonésien rencontrait la darbuka moyen-orientale. Huit musiciens appartenant au Gamelan Puspawarna, basé à Paris (https://www.pantchaindra.com/gamelan-balinais-paris) accueillaient en leur sein le percussionniste libanais Wassim Halal avec sa derbouka (https://wassimhalal.com), dans ce qui nous semble être la première rencontre entre ces deux traditions de percussions, géographiquement très éloignées. Fruit d’un travail de 5 ans ensemble, ce concert en public coïncidait avec la sortie de l’album de cette rencontre (« Le rêve de Polyphème », Label Pagans Music). Uniquement percussive, peuplée de silences, de surprises, de rythmes irréguliers pour l’oreille occidentale ou orientale, et de polyrythmies extrêmement complexes, la musique du gamelan n’est pas une musique « facile », et pourtant, là comme pour Rebecca Roger Cruz, le public était déchaîné en fin de concert, applaudissant à tout rompre. 

Formidable public marseillais, nous disions-nous à nous même à l’issue de ces deux concerts, qui est extrêmement réceptif à toutes ces musiques métissées et mélangées, même les plus exigeantes à l’oreille, sans doute parce qu’il est métissé et mélangé lui-même. Et, comme souvent chez les personnes multi-culturelles, toujours curieux de découvertes et d’horizons lointains.

Vous trouverez le programme complet des quelque 60 concerts à venir sur : citemusique-marseille.com . (La Cité de la Musique de Marseille, c’est 2.200 élèves, adultes et enfants ; 50 disciplines, du violoncelle à l’orchestre salsa en passant par le ‘oud ;  70 enseignants ; et 8 lieux dans la ville). 

Photo : Rebecca Roger Cruz en concert, vendredi 4 octobre 2024 à la Cité de la Musique (photo N. Khouri-Dagher)