DUPLESSY & THE VIOLINS OF THE WORLD : « The road with you » (Absilone)

La première fois que nous avons entendu de la musique de Mongolie, cela nous a fait irrésistiblement penser à … de la musique irlandaise ! La raison ? Un violon central, au rythme haletant d’une course, rythme à trois temps : celui-même du galop des chevaux, animal commun à ces deux pays si lointains. Et surtout, comment dire, par la fureur même et la vivacité de la musique, comme un goût pour la LIBERTÉ qui était exprimé, par la seule musique, pour ces deux peuples…
C’était en 1999, j’étais reporter au mensuel de l’Unesco, « Sources », je devais interviewer un ethnomusicologue tout juste rentré de là-bas, et je commençai ainsi à chroniquer des disques de « Musiques du monde » : ceux de la collection Unesco. Une passion qui ne m’a plus lâchée…
Avec ses « Violons du monde », Mathias Duplessy ne fait pas autre chose que rapprocher, par la musique, des peuples que l’on croirait très différents, et des instruments qui ont rarement joué ensemble, dans les siècles passés.
Nous avions adoré les deux précédents albums de son groupe « Duplessy & The Violins of the World », respectivement « Marco Polo » et « Crazy Horse ». Et nous nous régalons tout autant avec le dernier opus de ce guitariste-voyageur Mathias Duplessy, qui s’entoure depuis 15 ans de musiciens (devenus amis) de cordes frottées de divers pays.
Pour ce dernier album, nous avons nommé, par ordre alphabétique, chacun avec son instrument :
Mandaakhai Daansuren, Morin Khuur (Mongolie) et voix
Guo Gan, Erhu (Chine)
Sabir Khan, Sarangi (Inde)
Damien Nueva, Contrebasse (Cuba)
Aliocha Regnard, Nyckelharpa (Suède)
Zied Zouari, Violon oriental (Tunisie)
Une VITALITÉ incroyable se dégage à l’écoute de ce disque. Toute l’énergie du violon et des cordes frottées, qui ne l’oublions pas, fut l’instrument qui servait à faire danser les foules, lors des fêtes de village et les bals populaires, en Europe, rôle qu’il a toujours chez les Tsiganes et les Roms.
C’est d’ailleurs le caractère NOMADE du violon qui fait tout son charme – et lui donne son caractère de LIBERTÉ, que ne peut lui envier aucun autre instrument : car le violon s’envole, part très loin, virevolte, tel un papillon dans le vent, ou un aigle dans le ciel – selon la partition qu’il joue !
Et c’est d’ailleurs parce qu’ils pouvaient être facilement transportés – un clavecin ou piano à dos de cheval ou de chameau, c’est compliqué – que les instruments à cordes frottées sont rois dans bien des cultures nomades, Mongolie bien sûr, mais également les peuples du Sahara, Touaregs et pas seulement.
Et c’est toute la vitalité de ces peuples encore reliés à la Nature, aux Grands Espaces, que l’on entend ici. La mélancolie aussi, parfois, et la tristesse, sentiments universels, la joie et la mélancolie comme le Yin et le Yang de nos vies, Allegro/Adagio, l’un ne se vit pas sans l’autre.
Alors un grand bravo à Mathias and international friends, et je ne suis pas la seule à m’enthousiasmer ainsi : leurs musiques ont été vues plus de 20 millions de fois sur le net. Même si le nombre de vues n’est pas un critère pour nous (voir le nombre de fans de Kim Kardashian ou Aya Nakamura), cela prouve quand même quelque chose, car Mathias and friends n’est pas aussi célèbre internationalement que les deux stars-du-net.
Le groupe sera en concert à La Cigale, à Paris, le 20 janvier 2025. Si vous n’y êtes pas, achetez leur disque, qui vous fera voyager !