CATHERINE VINCENT, une Marseille enchantée pour les enfants

CATHERINE VINCENT, Les contes de Malmousque, Victor Mélodie

CONTES MALMOUSQUE

Restons à Marseille avec ce délicieux album pour enfants. Trop peu d’artistes de nos jours mettent leur talent au service des enfants, ce qui est bien dommage. Autrefois, Tino Rossi chantait «Petit Papa Noël» et Henri Salvador «Zorro est arrivé», et jusque dans les années 60, le génial Jacques Canetti, découvreur de Brassens, Brel et autres géants, créait chez Philips une collection de 33 tours pour enfants, avec les plus grandes vedettes du moment, de France Gall («Nounours, mon joli nounours») à Claude François («Le jouet extraordinaire») en passant même par… le rockeur Johnny Hallyday ! Depuis : plus rien ! Nos stars ne «condescendent» plus à chanter pour les petits, comme si c’était se déclasser que de chanter pour les plus joyeux des humains…? Et désormais, il y a les «chanteurs pour grands» et les «chanteurs pour enfants», de qualité très diverse, même si parmi ces derniers on compte de vrais talents, tels Henri Dès. Et cette «division du marché» en dit long sur la division, dans notre société moderne et dans nos vies quotidiennes, entre grands et petits. Rappelez-vous, sur les photos de Doisneau du Paris années 50, et dans les films de Pagnol des années 40 : les gamins étaient partout, jouant dans les rues et sur les places de villages…

Bref réjouissons-nous donc que des «artistes pour grands», les Catherine Vincent, couple à la scène comme à la ville, et parents de surcroît, aient décidé de composer un recueil pour enfants. Voilà donc non pas de simples chansons, mais toute une série de jolies histoires mises en musique, imaginées, comme peut-être ils l’ont fait «en vrai» pour leurs propres enfants, autour de la pointe rocheuse de Malmousque, ancien village de pêcheurs d’où l’on peut contempler toute la baie de Marseille, de l’Estaque au massif des Calanques…

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Nous avons eu la chance d’assister à leur spectacle, avec un public d’enfants. Les chansons sont drôles, avec des textes pleins d’humour et truffés de jeux de mots, et le tout est fort bien enlevé musicalement ! Vincent est à la guitare, Catherine à la basse, Gildas Etevenard à la batterie, et tous trois chantent également. Et comme dans toute oeuvre de qualité destinée aux enfants, d’Astérix au Petit Prince en passant par la Panthère Rose, le spectacle – et le disque – peuvent tout aussi bien plaire aux adultes. Jugez-en :

Voilà donc, sur des rythmes rock énergiques de guitare électrique, l’histoire de Liane, la belle chanteuse, «femme fatale» qui «fatalement avait beaucoup d’amants», qu’épousa un jour un Marseillais, riche mais jaloux. Il installa donc sa belle dans ce château que l’on voit sur cette petite île face à Malmousque, pour l’isoler de ses admirateurs. Mais Liane s’ennuyait, et chantait pour passer le temps. Si bien que les marins de tous pays, attirés par sa voix, débarquaient sur l’île… et la distrayaient, dès que son mari avait le dos tourné ! Et celui-ci, voyant sa femme embellir et s’épanouir de jour en jour, se disait qu’il avait bien fait de la soustraire à Paris et de l’amener au soleil… ! Allusion à Grace de Monaco, artiste enlevée aux éclats de Hollywood, pour le rocher de Monaco?…

Voici encore l’histoire de Blaise, «le poète fou», libre improvisation sur la vie de Blaise Cendrars, qui passa quelques mois dans la calanque de La Redonne, récit vrai qu’il conte dans L’homme foudroyé : l’écrivain avait adoré Marseille. Les Catherine Vincent inventent alors, pour expliquer le surnom de «Côte Bleue» donné à cette partie nord de la baie, que Blaise Cendrars, marchant sans doute sur les traces de son père, vrai génial inventeur de mille choses dont la bière pasteurisée, se lance, parce qu’il était «helvète, donc grand amateur de fromages», dans la production de fromages «bleus» (comme le Roquefort), faisant construire le train – bien réel – qui dessert La Redonne, pour exporter ses fromages… d’où le nom de «Côte Bleue» !

Et parce que les Catherine Vincent nous parlent du Marseille d’aujourd’hui, il y a également d’autres histoires, comme celle de «Talal le clandestin romantique», débarqué clandestinement d’Algérie dans un cargo albanais…

Le spectacle inclut chansons, musique, projection d’un film et d’images animées, bref un spectacle complet. Pendant toute la représentation, qui dure une heure, les enfants étaient restés absorbés, signe que le show «fonctionne» auprès du jeune public. Et interrogés à la sortie, ils avaient trouvé drôles les histoires, et particulièrement aimé les guitares électriques, la batterie, bref… la musique «de grands» des Catherine Vincent ! Pari gagné !

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