Belle soirée brésilienne dimanche dernier (8 juin 2025), dans ce lieu exceptionnel qu’est Le Son de la Terre : péniche-club de jazz amarrée au pied de Notre-Dame, nous pouvons pendant les concerts, surtout en ces soirées de juin où la nuit tombe à 22 ou 23 heures, à travers la vitre derrière la scène et les musiciens, tout en écoutant la musique, contempler l’historique cathédrale, et voir défiler les bateaux sur la Seine,…
C’est le guitariste brésilien Renato Piau, venu de Rio de Janeiro et en tournée en Europe pour cet été 2025, qui nous offrait un concert « comme là-bas ». Entouré de musiciens brésiliens vivant à Paris – Ricardo Feijão à la basse et Jefferson Silva à la batterie, il était également accompagné du saxophoniste français Benoît Grauste, la suavité du saxo épousant parfaitement celle des musiques brésiliennes, comme l’on sait depuis les grands succès brésiliens de Stan Getz… Sont également venus les rejoindre sur scène le duo Mico-Estrela, composé du Brésilien Zeca Costa à la guitare et de la Française mais Brésilienne de coeur Elodie Tretout au chant, et également de la Brésilienne Viviane Vasconcelos aux percussions et au chant.
Renato Piau est le nom de scène de l’artiste, ainsi surnommé car il vient de l’Etat du Piaui, dans le Nordeste, état aride du Sertão, et l’un des moins peuplés du pays (13 habitants au km2 !). Nordeste, région aride et pauvre du Brésil mais éminemment musicale, comme la plupart des régions pauvres dans tous les pays, d’ailleurs, preuve que la musique est l’une des meilleures stratégies de survie de tous les peuples, en tous lieux et tous temps, pour affronter un quotidien difficile (voir : l’Irlande, les orchestres d’accordéon des mineurs en France, les chants et danses des paysans de France autrefois, la sophistication musicale des chants Pygmées, etc.)
Si Renato Piau est encore peu connu en France et en Europe, il a plus de 50 ans de carrière au Brésil, et a accompagné, et composé pour, les plus grands artistes du pays : notamment Luís Gonzaga, Nana Vasconcelos, Sandra de Sá, Sérgio Sampaio, Cássia Eler, Tim Maia, ou Luís Melodia, contribuant ainsi à leur succès. Ainsi en 1973, la chanson « Eu quero é botar meu bloco na rua » (Je voudrais que ma troupe de samba puisse aller dans la rue (pour défiler), composée en partenariat avec Sérgio Sampaio, fut un énorme succès – et elle fut reprise par le public (composé de pas mal de Brésiliens de France) pendant le concert, comme souvent dans les concerts brésiliens.
L’écouter :
Mais Renato ne se limite pas aux sambas et à la bossa nova : il aime le blues, et compose sur ces rythmes de blues, nés en Amérique du Nord, des chansons authentiquement brésiliennes. Car l’âme du blues, qui est un chant de douleur et de peine, mais sublimées ou transcendées par la musique, convient parfaitement au Brésil, terre où sévit encore une grande pauvreté, mais où le peuple aime chanter, danser et rire – précisément parce qu’il est pauvre et que musique et danse sont de merveilleuses échappatoires.
Renato reprend aussi des grands succès de la MPB – la Musique Populaire Brésilienne – succès connus de tous dans la salle (qui comprenait beaucoup de Brésiliens de Paris). Ainsi de « Negro Gato » (Le chat noir), grand succès en 1966 de la star de la MPB Roberto Carlos, sur un pur rythme de rock.
Et comme, sous ses airs suaves ou au contraire énergiques, la chanson brésilienne, comme toute la chanson latino-américaine, est souvent, en lisant entre les lignes, politique et engagée, dénonçant la pauvreté et l’injustice, nous vous livrons plus bas les paroles de ce Chat Noir, dans leur traduction en français.
La preuve que le concert fut une réussite, et qu’en France on adore les artistes brésiliens ? Tout le monde s’est levé pour danser, les Brésiliens chantant les chansons par coeur, et les Français se contentant de danser… ce qui n’est pas automatique dans les concerts à Paris ! « Je suis vraiment ému et touché par votre accueil », nous déclarait à la fin de son concert, Renato, heureux de cette soirée… autant que nous !
Renato Piau : guitarrabrasileira@hotmail.com
web radio : www.guitarrabrasileira.com
NEGRO GATO (Roberto Carlos, 1966) :
Miaouuuuuuuuuuuuuh !
Je suis le chat noir qui te fait dresser les cheveux sur la tête
Et ma vie est vraiment amère
Ce n’est que du haut d’un toit que je peux manquer de respect aux autres
Je suis le chat noir, je suis le chat noir
Je vais te raconter ma triste histoire
Et après l’avoir entendue, je sais que tu pleureras
Ça fait longtemps que je ne sais pas ce qu’est un bon plat
Je suis le chat noir, je suis le chat noir
J’ai sept vies à vivre
J’ai sept chances de gagner
Mais si je ne mange pas, je finirai dans un trou
Je suis le chat noir, je suis le chat noir
Un jour, sur la colline, pauvre de moi
Ils voulaient ma peau pour un tambourin
Terrifié, j’ai disparu dans les bois
Je suis le chat noir, je suis le chat noir
Miaouuuuuuuh ! Miaouuuuuuuh ! Miaouuuuuh ! J’ai sept vies à vivre
J’ai sept chances de gagner
Mais si je ne mange pas, je finirai dans un trou
Je suis le chat noir, je suis le chat noir
Un jour, sur la colline, pauvre de moi
Ils voulaient ma peau pour un tambourin
Effrayé, j’ai disparu dans les bois
Je suis le chat noir, je suis le chat noir
Miaou ! Je suis le chat noir
Je suis le chat noir, je suis le chat noir
Nadia Khouri-Dagher – n.khouri AT orange.fr