Le monde en musiques

BRÉSIL – GUITARE – FABIENNE MAGNANT

Fabienne Magnant, « Cordas Sensiveis » – Cordes Sensibles (Music Box Publishing, 2025)

La guitariste-amoureuse-du-Brésil Fabienne Magnant nous revient avec un 5ème album où elle libère toute sa créativité, et où elle nous démontre une fois de plus son talent exceptionnel d’instrumentiste, mais aussi son talent accompli de compositrice… « brésilienne » ! 

Contrairement à son album précédent, paru en 2011 chez Buda Musique, et où elle jouait en solo, et que nous vous avions alors présenté (https://muzzika.fr/france-bresil-fabienne-magnant-une-guitare-bresilienne/ ), elle s’entoure ici d’autre musiciens, qui sont à la fois un écrin et un enrichissement à ses notes de guitare. 

Comme dans l’album précédent, Fabienne joue tour à tour de ses 3 guitares – classique, flamenca et « viola caïpira », qui est la petite guitare brésilienne à 5 cordes doublées (comme les cordes du ‘oud). Et elle interprète ici à la fois des compositions, mais aussi ses propres arrangements, de titres célèbres du répertoire brésilien, tels « Asa Branca » de Luiz Gonzaga et Humberto Teixeira ou « Canto de Ossanha » de Baden Powell. Passionnée de flamenco également, Fabienne nous offre aussi une composition de Paco De Lucia, « Fuente y Caudal ». 

 Pourquoi la guitare brésilienne nous met-elle autant en joie ? Sans doute parce que l’on y décèle, dans le jeu, cette rythmique des percussions venues d’Afrique, percussions toujours source d’énergie ? Pourquoi le Prélude n°1 de Heitor Villa-Lobos est-il toujours, même après des dizaines d’écoute, aussi poignant ? Parce que ce pays de la Joie de vivre  incarnée fut aussi, pendant des siècles, un continent de la douleur, pour des millions d’esclaves, et que la pauvreté et la misère n’ont pas disparu ?

Mais le plus important dans ce disque sont les propres compositions, totalement « brésiliennes », de Fabienne, qui joue en soliste ou qui met en musique des poèmes de ses amis François Kokelaere (au berimbau ou à la sanza) ou Consuelo de Paula. Ses compositions se nomment ainsi « Baião sem nome », « Almas no caminho », ou « Nordestine », mais surtout « sonnent » brésilien à l’oreille.  

Si quelques-uns d’entre nous savent parler brésilien, Fabienne sait exprimer en musique l’âme brésilienne. Est-il besoin d’être né quelque part pour se revendiquer comme appartenant à un pays ? Fabienne est Brésilienne, et sans doute même, plus précisément, Nordestina ! Un album qui est un véritable rayon de soleil ! Et en refermant le livret du CD nous tombons sur cette photo : Fabienne devant un soleil orange, face à la mer, un sourire sur le visage…

Nous terminons par un extrait du petit texte du livret, signé Joel Emidio da Silva

« La musique est plus ancienne que l’espèce humaine. Elle a été créée par la Nature. Sa force émane du vent qui chante entre les feuilles, du rugissement de la mer, du murmure des sources cristallines, de la ruée des animaux, l’expression d’une danse des éléments. Après tout, la musique résonne au rythme percussif du coeur de chaque être vivant, souffle de la vie, accomplissant son destin de langage universel ».

J’oubliais : au Brésil musique et poésie sont intimement mêlées, comme vous le savez, si vous aussi vous êtes amoureux de ce pays et de ses musiques… 

Les musiciens sont : Pour la partie enregistrée en France : Dominique Muzeau (basse électroacoustique), Akiko Horii (percussions), Samuel Thezé (clarinette basse), François Kokelaere (percussions et lecture de ses poésies) ; et pour la partie enregistrée au Brésil : Ricardo Vignini (viola caipira), André Rass (percussions), Pedro Macedo (contrebasse), Bruno Menegatti (rabeca), Consuelo De Paula (poème récité et chanté par elle).

magnantfabienne AT gmail.comwww.fabiennemagnant.frwww.francoiskokelaere.com