
A BABelmed nous suivons avec attention la carrière d’Abaji, multi-instrumentiste libano-arménien installé en France… enfin installé est un mot peut-être excessif pour un musicien aussi nomade, qui passe une bonne partie de sa vie sur les routes du monde !
( Voir nos articles précédents, de 2016 et 2010 https://www.babelmed.net/article/3701-muzzika-fevrier-2016/ ethttps://www.babelmed.net/article/2120-muzzika-fevrier-2010/
Abaji est parti pour l’Ecosse cette fois-ci, et il invite ici, dans ce dernier album, deux artistes de ce pays : l’accordéoniste Donald Shaw et le joueur de cornemuse et flûtiste Michael McGoldrick. « Une rencontre shamanique entre mon âme méditerranéenne et leur tradition celte ! » s’enthousiasme l’artiste.
Ecouter : youtu.be/0byAaq8wpfc
Dans « Ararat », l’on entend ainsi le SILENCE et les GRANDS ESPACES – l’Ecosse et le Moyen-Orient natal d’Abaji ayant en commun ces grands espaces inhabités, où souffle l’Esprit, pour ceux qui y prêtent l’oreille… L’une des compositions s’appelle d’ailleurs « Hot desert to cold sea », car la mer, qui entoure l’Ecosse, est plus qu’un grand espace : un infini..
« Nuit turquoise » nous fait entendre, grâce à la flûte enchanteresse de Michael McGoldrick, toute l’âme de l’Ecosse, mélancolique et heureuse à la fois… : car comme l’a exprimé Victor Hugo, la mélancolie, c’est « le bonheur d’être triste »… Et cette seule composition nous fait entendre, A L’OREILLE, la PARENTÉ incroyable entre ces deux univers géographiques et musicaux : le Moyen-Orient et la Grande-Bretagne. Parenté venue de ces immenses ESPACES, qui invitent au retour sur soi, c’est-à-dire à l’expression poétique ou musicale…
Et voilà Abaji qui se met à chanter en anglais, dans « Dance for me », mais, sur le même titre, sa langue arabe natale revient aussi – ‘oud oriental et mélodies écossaises qui se mêlent parfaitement… Et la seule énumération des titres des compositions dit bien cette rencontre musicale : « Nâtir » (j’attends, en arabe), « Celtic Blues », « Hilm » (rêve, en arabe), « Bowing in the wind », Ustad, « Valley of Sand »…
Un pari audacieux.. et réussi, que cette rencontre entre deux univers qui avaient encore rarement dialogué dans un disque !
Nadia Khouri-Dagher