ARGENTINE : AMANDO RISUEÑO, « El cante del viento » (Inouïe Distribution)

Il y a des disques qui vous touchent immédiatement, et ce « Chant du vent », d’un artiste qui nous était totalement inconnu – Amando Risueño – nous a atteinte au coeur dès les premières minutes. Un hommage au grand artiste argentin Atahualpa Yupanqui, désormais un classique de la musique en Argentine. Disque empli de sensibilité et d’émotion, dans lequel Amando Risueño se dévoile frère d’âme de l’immense Atahualpa.

« Des guitares qui maîtrisent la douleur et transforment la méditation et le silence en dignité vibrante. Des flûtes indiennes, celles-là même qui, dans les Andes, dispersent les cendres de tant de yaravies… Ainsi, avec le temps, garçons, hommes, oiseaux et guitares élèvent leurs voix dans la nuit, les matins clairs ou les après-midi mélancoliques d’Argentine… » : le guitariste et chanteur argentin Amando Risueño nous offre, dans le livret de son dernier disque, quelques pages de l’ouvrage du grand poète, compositeur et interprète argentin Atahualpa Yupanqui, « El canto del viento », paru en 1965, à qui notre musicien emprunte donc le titre pour son disque.

Et à l’écoute de l’album, l’on se surprend à penser que les plus grands artistes sont décidément immortels, par les filiations qu’ils suscitent : car Amando est bien le fils, le frère d’âme et de coeur, du grand Atahualpa, fidèle à la sobriété et à la retenue du grand Atahualpa : comme chez Atahulpa, l’émotion naît ici de la force des paroles, et du jeu de guitare…

Ecouter « Alazan » : youtu.be/Nsyt0BwQAE4

L’Amérique Latine est terre de poésie – et ce disque le prouve encore une fois. Car nous avons beau être en 2021, le monde a beau aller comme il va c’est-à-dire mal, la poésie est là pour nous sauver, nous élever, et nous nourrir de beauté, d’émotion et de sens. Outre la guitare magnifique d’Amando – formé à la guitare classique au conservatoire de sa ville natale, Buenos Aires, et cela s’entend – les seules paroles des chants poignants d’Atahualpa sont source et chaleur, comme dans « Lune de Tucuman » (paroles et musique Atahualpa Yupanqui) : 

« Moi je ne chante pas à la lune

Seulement parce qu’elle éclaire

Je chante pour elle car elle connaît

Mon long chemin

Aïe jolie lune de Tucuman

Petit tambour calchaqui

Compagne des gauchos

Sur les sentiers de Tafi 

(…)

En un point, nous nous ressemblons

Lune de solitude

Moi je vais marchant et chantant

Ce qui est ma manière d’éclairer… » 

Un disque magnifique du début à la fin, que nous avons hâte de pouvoir entendre en concert…

CD EL CANTO DEL VIENTO, Atahualpa Yupanqui par Amando Risueno, Inouïe Distribution

www.amandorisueno.com

Acheter le CD physique ou digital : https://amando-risueno.bandcamp.com/album/el-canto-del-viento

Nadia Khouri-Dagher