MAROC : OUM, Hommage aux chants féminins du Sahara

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OUM, Zarabi, Music Development Company/ Distrib. Harmonia Mundi

Le premier album diffusé à l’international de la Marocaine Oum, « Soul of Morocco », paru en 2013, nous avait enchantée, première voix féminine de qualité à émerger du monde arabe, 15 ans après Natacha Atlas. L’album «Zarabi» (tapis, en marocain) confirme l’artiste comme une voix singulière. L’artiste, de son vrai nom Oum el Ghaït Benessahraoui, est née dans une famille saharienne, comme son patronyme l’indique, et ce disque est un hommage à ces musiques du Sahara marocain, longtemps ignorées par les élites urbaines éduquées, comme il en va souvent des musiques des régions périphériques et de leurs populations déshéritées, en tous pays…

Oum, qui a eu la chance de naître à Casablanca et de faire des études, donne ici une revanche, comme d’autres artistes avant elle dans d’autres contextes, à son peuple. Elle chante ici, en darija, qui est la langue marocaine c’est-à-dire le parler de tous les jours, par opposition à l’arabe littéraire langue de la musique arabe classique, et elle remet au goût du jour ces musiques sahariennes, souvent d’un accompagnement très simple et d’une mélodie épurée, comme le seraient des statuettes africaines car le Sahara est africain, en se les appropriant et en leur donnant une nouvelle vie.

Oum a écrit les textes des courts poèmes qu’elle chante ici, poèmes d’amour dans la pure tradition du peuple sahraoui, poèmes de quelques vers à peine, repris et répétés tout le long de la chanson. Musique saharienne souvent interprétée par des femmes traditionnellement, car les femmes jouent un rôle important dans les sociétés sahariennes et d’Afrique de l’Ouest, et sont musiciennes également par conséquent. Oum est accompagnée tantôt d’une guitare guembri, tantôt de frappes de mains nues, tantôt d’une kora car l’Afrique noire, cousine-voisine, est tout près, tantôt d’un saxophone car l’artiste marocaine est moderne avant tout.

Le disque a été enregistré dans l’oasis de M’hamid, lieu magique du Sud marocain que nous avons la chance de connaître, lieu habité par le silence et l’immensité du désert. Les enregistrements ont été réalisés en extérieur, chants d’oiseaux y compris parfois, pour restituer l’esprit du lieu.

Le tout est une vraie réussite, repéré par la radio française FIP, experte en musiques du monde, gage de qualité.

http://www.oum.ma/