ROCĺO MÁRQUEZ, El Niño, Viavox /Universal
Nous l’avons entendue pour la première fois il y a quelques années au Festival Les Suds, à Arles, et avions été complètement scotchée par cette nouvelle voix du flamenco. Si forte, si puissante, si flamenco, et pourtant si DIFFÉRENTE : un timbre de voix un peu enroué, un peu à la manière de cette autre Espagnole, la rockeuse Bebe, qui donne du vécu à ce «chant profond» (cante jondo) qu’est le flamenco; une clarté et surtout une expressivité rares, et étonnants vu son jeune âge – l’artiste est née en 1985. Et en même temps, sur scène, une extrême simplicité : Rocío Márquez, malgré son immense talent, ne se prend pas pour une star, et ça fait du bien !
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Dans ce disque – le deuxième album de la jeune artiste – Rocio Marquez rend hommage à l’artiste de flamenco que l’on appelait El Niño : José Tejada Martin, dit Pepe Marchena (1903-1976), qu’admiraient Camaron de la Isla ou Enrique Morente. El Niño s’était rendu célèbre en interprétant ces chants de «ida e vuelta» (aller-retour), autrement dit ces airs inspirés de mélodies et rythmes latino-américains, eux-même bien entendu puisant leurs racines en Espagne…
Guajira cubaine, milonga argentine, punto du Vénézuela ou colombiana, mais aussi des sévillanes et des fandangos sur lesquels on pourrait se lever danser : Rocio explore une large palette du chant flamenco métissé… du métissage latino-américain. Une fois de plus, à ceux qui invoquent «pureté» et «orthodoxie» d’une tradition, ce disque prouve qu’une tradition enracinée dans des siècles d’Histoire s’accomode fort bien de métissage. Mieux : que le métissage et l’ÉCOUTE d’autres voix sont sans doute, comme Bach s’intéressant à Vivaldi ou Rossini faisant un clin d’oeil à Mozart, à la source de toute création musicale !