VIOLONS BARBARES, Bulgarian/Mongolian wild world music, L’assoce pikante/L’autre distribution
L’assoce pikante est un collectif d’artistes basés à Strasbourg et passionnés de musiques du monde, qui ont créé diverses formations musicales, autour de traditions géographiques diverses. Et voilà le premier album du groupe Les violons barbares, créé autour du Bulgare Dimitar Gougov et du Mongol Dandarvaanchig Enkhjargal, accompagnés du Français Fabien Guyot. Le premier joue de la gadulka, ce violon bulgare, de la forme d’un rebec médiéval, qui a trois cordes mélodiques et onze sympathiques (très fines et qui vibrent quand les autres cordes sont frottées avec l’archet). Le second joue du morin khoor, ou morin khuur, le violon mongol qui est l’instrument-emblème de la Mongolie: en forme de trapèze avec un long manche, tendu de peau de chameau, de chèvre ou de mouton, et comportant deux cordes: l’une en poils d’étalon, l’autre en poils de jument. Le dernier musicien joue “sur tout ce qui est susceptible de produire du son”, y compris des saladiers ou des bouillottes !
Nous avions été assez enthousiasmés par Dimitar Gougov découvert dans l’album du trio Boya, créé autour des musiques de Bulgarie et des Balkans. Le voilà très loin des Balkans parfois, dans les steppes mongoles: mais on sait que les Turcs, qui ont envahi l’Europe orientale, viennent des steppes d’Asie: donc tout se tient… Le paysage musical de ce disque est donc tout à fait neuf à l’oreille, car on n’a pas souvent l’occasion d’entendre de la musique mongole sur nos radios et dans nos bistros! On reconnaîtra ces sons typiquement asiatiques, qui évoquent instantanément les musiques de Chine, avec leurs intervalles particuliers (comme dans “Bayan Olgyi”); on reconnaîtra aussi ces chants de gorge de Mongolie, où la voix humaine semble imiter la guimbarde, et vibre à des hauteurs incroyablement basses… On entendra ici le galop du cheval lancé sur une steppe immense (“Barbar Rock”); là, la complainte monolinéaire d’un violon oriental, que vient bientôt réveiller une danse tsigane (“Makedonsko”). Ailleurs, c’est le désert qui est donné à entendre, la steppe mongole immense, dans un chant solitaire qui semble résonner dans un silence infini et vaste comme le monde… Désert évoqué de la même manière que la flûte arabe bédouine jouée en solo fait entendre le désert de sable, et comme le chant basque fait entendre le paysage de montagnes, vide de toute présence humaine…
Chine, Mongolie, Turquie, Balkans, Bulgarie, France, Strasbourg: les routes musicales sont parfois plus longues et inattendues qu’on l’imagine, et celles qui viennent de l’Est restent encore largement inexplorées, de ce côté-ci de l’Europe de l’Ouest…
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