Le monde en musiques

CAP-VERT : MARIO LUCIO SE RAPPELLE LES BELLES ANNÉES POST-INDÉPENDANCES EN AFRIQUE… 

MARIO LUCIO, « Independance » (Maremusica

Indépendance s’écrit Independence en anglais (et non IndepenDANCE comme le jeu de mots de l’album), et l’auteur-compositeur-interprète cap-verdien Mario Lucio, qui est également poète et écrivain et qui fut un temps ministre de la culture, nous offre un petit jeu de mots pour le titre de son 7ème album, qui célèbre 50 ans d’indépendance de son pays, le 5 juillet 1975. 

(En effet, comme les autres pays africains qui étaient sous domination portugaise – Angola, Mozambique et Guinée-Bissau – le Cap-Vert n’a obtenu son indépendance qu’en 1975, conséquence positive de la Révolution des Oeillets en 1974). 

Pourquoi Indépen – dance ? Parce que les années 60 et 70 furent des années où l’optimisme régnait et où l’on dansait beaucoup, selon la mémoire de ceux qui les ont vécues, et dans le souvenir de Mario Lucio, qui était alors un enfant. En témoignent aussi les photographies prises dans ces années dans divers pays africains, et qui ont fait l’objet de nombreuses expositions en Europe ces dernières années (l’on pense par exemple aux photos de Malick Sidibé pour le Mali). Car l’on croyait alors que les Indépendances allaient apporter la richesse et la prospérité, prospérité qui tarde cependant à se concrétiser pour la plupart des pays du continent… 

Cet optimisme se traduisait notamment par l’émergence de nouvelles musiques, dans tous les pays d’Afrique, affirmation par la musique d’identités et de fiertés nationales. C’est ainsi que le disque de Mario Lucio s’ouvre par de la High-Life, cette musique née au Ghana, mais qui a diffusé dans l’ensemble du continent. Rappelons que le Ghana fut le premier pays africain à obtenir son indépendance, en 1957, et pour cette raison il a longtemps été considéré comme un leader du continent, un peu comme le fut l’Egypte de Nasser pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à la même époque, et pour les mêmes raisons.

Car les musiques africaines ont toujours circulé, par les disques et surtout par la radio, bien avant qu’internet ou Youtube n’existent. On entendra ainsi dans cet album des clins d’oeil musicaux à l’afro-funk du Nigéria, aux rythmes circulaires du Sénégal, et même au reggae, courant musical qui eut un impact énorme sur le continent dès les années 70 et dans les années 80 – nous vivions alors sur le continent.

Et le regretté Manu Dibango, disparu en 2020, qui fut, rappelons-le, le premier artiste africain masculin à avoir obtenu un succès international (la première artiste africaine célèbre mondialement fut Miriam Makeba), fait entendre son saxo et sa voix  sur le dernier titre de l’album, « Ami Xintadu », titre enlevé aux accents jazzy, sans doute le sommet de cet album très réussi. 

Au total un album solaire, qui déborde d’énergie positive. Une petite suggestion pour le label  Maremusica : pour les visuels de communication de l’artiste, inverser les photos de couverture de l’album et de dos de l’album, et mettre plutôt en avant la photo de l’artiste dans ses jeunes années à cette époque-là, marchant dans la rue, son visage rayonnant et sa guitare au bras,  car cette photo à elle seule est une invitation à écouter le disque !

www.mariolucio.com