Le monde en musiques

CUBA – RAÚL PAZ, RETOUR AU PAYS

Raúl Paz, « Guajiro Chic » (Coloma Production)

Raúl Paz nous revient ! Nous qui vivons à Paris, avons eu le bonheur de l’entendre souvent, dans des clubs de jazz ou dans des festivals, lui l’un des nombreux musiciens latino-américains de la capitale, qui apportent un peu de la joie de vivre latino en France, concerts où la communauté latina se retrouve, parlant espagnol et gaiement, s’embrasse fort, rit beaucoup, et où l’on sent toute la chaleur humaine propre à ce sous-continent que nous adorons ! 

L’artiste cubain était venu en France en 1996, avec l’objectif d’aller à la Schola Cantorum de Paris, école de musique classique, lui qui avait fait 10 ans d’études musicales à l’Institut d’Etudes Musicale de La Havane, étudiant le violon, le solfège, le contrepoint ou l’harmonie, comme dans tous les conservatoires du monde. 

Mais le besoin de gagner sa vie a conduit le jeune Raúl, âgé d’une vingtaine d’années alors, à jouer dans des clubs et des bars. Il se fit remarquer, premier album, paru en 1999, « Cuba Libre », succès fou : au lieu d’un violoniste classique, un artiste cubain était né ! 

D’autres albums suivront, de nombreux concerts et festivals, et puis en 2008, l’envie de retourner au pays. Raúl retrouve la région de Viñales dont il est orginaire, achète une ferme, et, comme de nombreux Parisiens aussi, surtout depuis le Covid, effectue ce « retour à la terre », qui est bien souvent un aller plutôt qu’un retour, d’ailleurs. 

Aujourd’hui l’artiste se définit, non sans humour, comme un « Paysan Chic » (Guajiro Chic, titre de l’album), et met… une série de 4 coqs en couverture de son disque ! Partout au monde, des artistes choisissent ainsi de vivre loin des grandes villes pour trouver leur inspiration, et dégager de grandes plages de temps pour pouvoir composer : de Francis Cabrel, installé dans son Gers natal (région du Sud-Ouest de la France) à Ludovico Einaudi, qui vit au milieu de vignes, dans le Piémont. 

Et ce disque nous prouve que ce retour à sa terre natale et à ses racines, est bénéfique à l’artiste. L’album est à la fois dynamique et posé, enlevé et apaisé. Comme si l’artiste avait trouvé une paix intérieure, un équilibre, pour nous chanter son Cuba, jamais coupé du monde. Et l’album se conclut par une magnifique balade, intitulée « Gracias » tout simplement. Raúl Paz, un homme heureux, et qui nous rend heureux par sa musique. 

 Les musiciens qui accompagnent Raúl Paz sur l’album : Ity Cabrera (piano, accordéon), Jo Orosemane (basse), Nicolas Dacunha (batterie) et Nelson Palacios (percussions, violon).