ANTONIO ZAMBUJO, Guia, World Village/Harmonia Mundi
Antonio Zambujo nous avait émervéillés avec son premier album paru en 2008, “Outro Sentido” (World Village/Harmonia Mundi).
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=Q6FnndViPmA&w=480&h=390]
Il nous revient avec un album de chansons métissées, qui pour la plupart ne sont pas du fado, genre qui l’a fait connaître – l’artiste avait remporté en 2006 le Prix Amalia Rodrigues du Meilleur interprète masculin de fado – et qu’il honorait dans son premier album.
Ce deuxièle disque s’ouvre sur une chanson du brésilien Marcio Faraco, suivie d’un arrangement en fado de la célèbre chanson “Apelo” de Vinicius de Moraes et Baden Powell (“Meu amor nao vas embora/Vê a vida como chora/Como é triste esta cançao…”). Le tango et la milonga servent de base rythmique à d’autres chansons (“Nao me dou longe de ti”, “Barroco Tropical”), et le son d’un tuba ou d’une clarinette – totalement étrangers à la gamme d’instruments traditionnellement joués dans le fado, qui n’inclut que des guitares – viennent exprimer ici ou là l’amour que l’artiste porte au jazz, et son désir de chanter ce qu’il veut.
Si les mélodies et les rythmes s’éloignent délibérément du fado – et pourquoi les chanteurs portugais seraient-ils condamnés à chanter du fado? les chanteurs français ne chantent pas tous de la musette! – les paroles des chansons restent fidèles au répertoire poétique portugais, immensément romantique: amours déçues, tristesse, roses, lunes et jardins, dans une tradition encore toute empreinte du répertoire poétique de l’Andalousie arabe médiévale, qui continue de marquer la péninsule ibérique…
Un peu d’humour aussi, quand même, avec “Readers Digest”, qui raille les petites vies confortables (“Quero a vida pacata…”) – on vous donne la traduction:
Je rêve d’une vie tranquille, docile, sans houles ni vagues (…)
J’veux un deux pièces, un chien, un chat et le costume trois pièces
M’raser le matin, payer mes impôts, et en être certain (…)
Une vie tranquille, facile, la cravate, les souliers bon marché,
En bouche juste une soupe, du pain, un ticket restaurant,
Metro, boulot, dodo, j’ignore la passion, j’vis d’illusions,
Un costume coquet, un peu démodé et l’addition à payer”…
www.antoniozambujo.com