FIESTA LATINA À LA CITÉ DE LA MUSIQUE, À MARSEILLE

MARSEILLE-CUBA-COLOMBIE-MEXIQUE-AMÉRIQUE LATINE-ETC.

Photo Nadia Khouri-Dagher

À Marseille on aime chanter et danser, et la Cité de la Musique, à Marseille, lieu formidable où s’écoutent les musiques du monde entier, nous offrait un magnifique concert hier soir mardi 20 février 2024 ! 

Simon Bolzinger, bien connu de la scène musicale marseillaise, pianiste et compositeur devenu latino-américain dans l’âme, auteur de plusieurs albums avec son groupe Tambor y Canto où il s’accompagne d’excellents musiciens du sous-continent, nous offrait un concert en deux parties, avec la trentaine de musiciens dits « amateurs » car ils ont un autre métier (et qui sont parfois fort doués !), qu’il réunit chaque semaine dans ses ateliers/master-classes… hébergés par la Cité de la Musique, qui est aussi un conservatoire de musique, pour tous les instruments et tous les âges.

« Los Luneros y Luneras » pour les étudiants du lundi ; « Los Marteros y Marteras » pour ceux du mardi : le concert était en deux parties, à chaque fois une quinzaine de musiciens : Simon en chef d’orchestre (et aux choeurs également, essentiels dans les musiques latines, où le choeur répond au soliste, dans beaucoup de chansons) ; aidé de son accolyte Christophe Boutin, professeur de percussions pour ces ateliers, qui donnait ses directives à ceux et celles qui se succédaient tour à tour aux diverses percussions ; et des hommes et femmes de tous âges, de la petite trentaine aux 70 ans dépassés – avec leurs instruments : piano, clavier, basse, flûte, clarinette, saxophones, trompette, sans oublier les percussions bien sûr, pour ces musiques où le rythme est essentiel : congas, bongos, maracas, etc. , et sans oublier non plus les voix, avec Maria la Colombienne, Marrou la Mexicaine, Martika l’Espagnole ou encore Annette ou Antoine qui sont français, qui se succédaient comme solistes, parmi d’autres. 

Dès le deuxième morceau, la salle était chauffée, et certains se levaient pour danser – car ces musiques sont irrésistibles, vous le savez ! Simon, pédagogue, expliquait pour chaque titre, la signification des paroles : « L’herboriste » raconte avec humour le quotidien d’un marchand d’herbes médicinales… qui vend aussi de la marijuana, la « yerba buena » ! « Les caméléons » dénonce ces hommes politiques qui virent de bord sans complexe – car la chanson est politique aussi en Amérique latine ; «Mujer divina » – « Femme divine » – se passe de commentaires, chanson d’amour évidemment ; etc. 

Ce qui est formidable à Marseille, ville-port qui brasse des hommes et femmes venus de partout, c’est que l’ambiance « port » continue d’y régner, même si le port de commerce a été déplacé à quelques dizaines de kilomètres il y a près de 50 ans. Et l’ambiance « port », si bien décrite par le célèbre écrivain afro-américain Claude McKay (1890-1948) dans son roman-culte « Banjo » (Éditions de l’Olivier), hommage à Marseille, c’est précisément ce goût de danser et de chanter ensemble, bref de faire la fête ! Fête dont raffolent tant les Latino-Américains qu’ils nous ont légué, en français, cette magnifique expression : « faire la fiesta ! ». 

En partant, nous retiendrons de cette soirée-fête : les cheveux blancs de certaines chanteuses ou musiciens, qui n’enlèvent rien à leur passion ou enthousiasme ; la joie et les sourires sur les visages de Simon, de Christophe, et de tous les musiciens et chanteurs/chanteuses sur scène ; les mêmes sur les visages du public, conquis – ma voisine de derrière, Cubaine, peau d’ébène, chantait en même temps que les artistes, avec d’autres dans la salle, comme cela se fait souvent dans les concerts latinos ou brésiliens, « Devorame otra bez » (Dévore-moi une autre fois… car la chanson Latina est coquine aussi parfois !), tube récent, car Simon ouvrait aussi le répertoire aux chansons plus actuelles, celles qui passent sur les radios et qu’on écoute là-bas dans les bus et taxis, et pas seulement aux grands classiques. 

De ce concert nous retiendrons cette image de petit bonheur : celle de cette fillette, 4 ans à peine, jupe légère de tulle rose par-dessus son petit pantalon, qui dansait avec ses parents, la maman peau blanche et son papa peau caramel, le couple enchaînant les mouvements gracieux de la salsa, et la petite fille se glissant entre leurs jambes, ravie de danser avec ses parents, qui l’étaient tout autant de cette danse à trois !

La musique et la danse, les chemins les plus rapides vers le bonheur ! Merci Simon, merci Christophe, merci les Luneros et Marteros, merci la Cité de la Musique, merci Marseille ! 

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Nous vous avions présenté Simon Bolzinger en 2017 :https://musiques-du-monde.com/2017/01/12/marseilleamerique-latine-simon-bolzinger-tambor-y-canto/ 

Le site de Simon Bolzinger : www.assospicante.com