GEVENDE, Sen balik degilsin ki, Baykus Music (Turquie)
Il y a des gens, quand ils ouvrent la bouche et commencent à parler, vous avez envie de mieux les connaître. De même il y a des pays, quand vous recevez dans votre boîte aux lettres un disque et commencez à l’écouter, vous vous dites que vous aimeriez mieux les connaître.
Que connaît-on de la Turquie en France, malgré la toute petite saison de la Turquie en France, qui eut lieu en 2009? Peu d’échos nous parviennent du fabuleux bouillonnement culturel qui anime Istanbul depuis quelques années – depuis toujours, a-t-on envie de dire, car les grandes villes historiques du monde, de Londres à Berlin en passant par Rome, Beyrouth, Rio ou New York, n’ont jamais cessé, depuis des siècles qu’elles sont nées, de bouillonner de mille mouvements culturels passionnants, pour cette raison même qu’elles brassent depuis toujours, et le font plus que jamais, des gens venus des quatre coins du monde, qui ont quelque chose à dire, et qui l’expriment dans cette langue – en mots, musique, tableaux, danses ou autre expression culturelle – métissée qui est leur invention même autant qu’une création collective propre au lieu.
Dès les premières minutes du cd de Gevende, nous sont parvenus les effluves d’un Istanbul de 2010 éminemment contemporain, à la modernité d’autant plus affirmée, comme d’autres pays tels le Brésil ou l’Inde, que beaucoup en Occident, qui ne connaissent pas ces pays pour n’y être jamais allés, leur dénient le statut de pays “modernes” – pour la seule raison que leurs campagnes restent peuplées de gens pauvres, et ont des infrastructures déficientes.
Voilà donc le 2° album d’un groupe turc que les étiquettes de “rock progressif”, “folk psychédélique” ou “rock expérimental” desservent car elles l’enferment dans une catégorie – quand précisément ce groupe veut casser toutes les barrières, et boire à toutes les sources, en grands voyageurs que sont ses musiciens. Le groupe, qui s’est formé en 2000, est parti en 2006 pour un long périple, empruntant les Routes de la Soie de leurs ancêtres le long du Pakistan, de l’Inde, du Nepal et de l’Iran, jouant avec des musiciens locaux et s’imprégnant de mille sons et de mille langues. Et leur musique se veut, affirment-ils, “des morceaux récoltés de partout où ils vont”.
Ainsi, comme Laetitia David d’Imaz’Elia, ils utilisent “une langue qui n’appartient à nulle part”, “mélange imaginaire ou imitation phonétique des langues du monde, de telle sorte que chacun puisse y retrouver un son ou un mot. Nous l’appelons “la langue spontanée du monde””, nous expliquent-ils.
Nous avons été séduits par cette musique neuve, riche et inspirée, totalement inclassable à notre sens, où l’on retrouve, à côté de la guitare électrique, le cümbüs, instrument médian entre le banjo et le ‘oud, la trompette chère aux musiques nomades turques et balkaniques, et quelques percussions turques, tous instruments mis au service de l’avant-garde musicale.
Le premier album de Gevende, “Ev” (le monde), paru en 2006, avait connu un grand succès en Turquie et leur avait valu deux ans de tournée dans toute l’Europe. Le groupe était ainsi l’invité de la Saison turque en France en juillet 2009, et on a pu les entendre au festival Babel Méd Music à Marseille en 2010. Ce second album devrait connaître le même succès que le précédent, et leur valoir le même succès international. On vous met ici un lien pour écouter un extrait de ce 2° album, et l’adresse d’un blog sur la musique underground en Turquie, à mieux connaître…
http://www.youtube.com/watch?v=DFw8nklqy48
http://undergroundturkey.blogspot.com
www.myspace.com/gevende – www.gevende.com – www.baykusmusic.com