MUSIQUES RURALES D’AMÉRIQUE LATINE – Argentine, Brésil, Cuba, Mexique, Paraguay, Pérou, Venezuela – Frémeaux & Associés
« Abuelito suempre te recuerdo con esta bella canción » ; « Que recuerdos cuando la familia estaba completa y se armaba la bohemia 😭 pura nostalgia » ; « Música que recuerdo cuando estaba pequeño al lado de mi padre » ; « Los panchos son un trio que le siguen dado la vuelta al mundo. En Nicaragua seguidores de ellos. De los preferidos de mi Padre » ; « Soy rockero y tocó el bajo eléctrico, me dí la tarea de sacar esta hermosa canción en guitarra y cuando la tocó todos se quedan de a seis 😀 » : sur Facebook, les commentaires sur la chanson « Me voy pal pueblo », du célèbre trio mexicain Los Panchos, chanson parue en 1945, sont tous empreints de nostalgie, évoquant la figure d’un père, d’un grand-parent, ou d’une mère qui adoraient cette chanson…
Et nous aurions pu ajouter notre propre commentaire, car nous avons eu le bonheur, avec cette chanson, de retrouver une chanson que nous adorions, parmi d’autres chansons de ce groupe dont nous retrouvons enfin le nom, auteur d’un 33-tours que nous écoutions en boucle, adolescente, et perdu depuis lors, disque rapporté par un oncle voyageur qui aimait rapporter des disques de tous les pays qu’il visitait pour son travail…
Le miracle avec ces musiques des décennies passées, c’est qu’elles n’ont pas vieilli ! Ce sont désormais des classiques, et la forte présence sur youtube de tous ces merveilleux artistes latino-américains d’autrefois exprime mieux que tout leur formidable popularité, toujours à ce jour.
Luis Gonzaga ou Jackson do Pandeiro du Brésil ; Atahualpa Yupanqui d’Argentine ; Juan Vicente Torrealba et son groupe Los Torrealberos, du Venezuela ; Violeta Parra du Chili ; Los Morocuchos du Pérou ; et tant d’autres artistes ou groupes, célèbres en leur temps, et qui le sont désormais pour l’éternité : à l’écoute de leurs musiques fabuleuses, l’on éprouve un sentiment étrange, à la fois d’admiration pour ces artistes exceptionnels, et de tristesse pour la terrible dégradation des musiques « populaires » dans ce continent… comme dans le monde entier…
Car ces musiques, créées et exécutées par des artistes souvent illettrés, voire issus des zones rurales, et qui parlaient au plus grand nombre précisément parce qu’elles venaient d’artistes nés « dans le peuple » le plus souvent, étaient des musiques à la fois « populaires » et « de qualité », ce qui semble un oxymore aujourd’hui, lorsque l’on écoute, sur les radios de Caracas, de Mexico, de Buenos Aires ou de Recife, ce que sont les nouvelles stars de la chanson… Car « Despacito », le tube latino – et mondial – de 2017, c’est vrai cela fait danser, mais musicalement, cela reste très pauvre, par rapport à ces pépites recueillies là par Frémeaux, et qui passaient sur les radios nationales de ces pays, « tubes » de l’époque…
Surtout, tout autant que l’appauvrissement musical au cours des dernières décennies, nous frappe l’appauvrissement des paroles : car ces chansons créées par des artistes issus des classes populaires, parlaient du quotidien vécu par les populations, leurs peines et leurs joies, comme les chansons engagées d’Atahualpa Yupanqui, ou encore la célèbre « Asa Branca » (Oiseau blanc) de Luis Gonzaga, qui, mieux que mille articles ou reportages, dénonçait la terrible sécheresse qui frappe le Nordeste du Brésil, contraignant leurs habitants à l’exil vers les grandes villes du Sud, Rio et Sao Paulo, habitants qui allaient s’entasser dans les favelas et nourrir la misère urbaine… :
Quel brasier quelle fournaise
Pas une seule plante ne survit
J’ai perdu mon troupeau à cause du manque d’eau
Et mon cheval alezan est mort de soif
Et j’ai demandé au Dieu du ciel :
« Pourquoi un tel tourment ? »
Même l’oiseau blanc quitte
Le Sertao à tire d’aile
Alors j’ai dit, Adieu Rosinha
Garde mon coeur avec toi
Aujourd’hui, j’attends, très loin
Dans la tristesse et la solitude
Que la pluie revienne
Pour retourner dans mon Sertao
Quand le vert de tes yeux déteint
Sur la plantation
Je t’en conjure, ne pleure pas, d’accord ?
Je reviendrai, mon coeur
Un triple album exceptionnel, que tout amoureux des musiques d’Amérique Latine se doit d’inclure dans sa discothèque !