AFRICAN SALSA ORCHESTRA, Autoproduction d’artiste, Distr. Inouïes Distribution
Amoureux des musiques cubaines, voilà un album que vous allez adorer ! L’African Salsa Orchestra, comme son nom l’indique, mêle musiques d’Afrique et salsa cubaine, musiques cousines comme on sait. Le groupe prend ainsi la suite du célèbre Orchestra Baobab né à Dakar dans les années 70, ou de projets plus ponctuels mais tout aussi réussis tels que Afrocubism, album sorti en 2010 et réunissant musiciens de Cuba et du Mali.
Le tromboniste béninois Michel Pinheiro, amoureux des musiques cubaines depuis toujours, et dont le précédent album, « Voyage », paru en 2013, était déjà de musique afro-cubaine au sens très géographique du terme, nous régale ici, de la première à la dernière plage du disque, d’une musique joyeuse, pétillante, qu’il est absolument impossible d’écouter assis, car elle vous donne une irrésistible envie de danser – signe de sa redoutable efficacité !
Musicalement c’est parfait : Michel Pinheiro, artiste modeste dont le nom est inconnu du grand public, n’est pas un débutant. Celui qui a découvert la musique en commençant à chanter et à jouer de la guitare dans l’église de son quartier, à Cotonou au Bénin, pour ensuite adopter le trombone, fut en effet de 1996 à 2011 le chef d’orchestre du reggaeman ivoirien Tiken Jah Fakoly (installé d’ailleurs à Abidjan qui était devenue la capitale musicale d’Afrique de l’Ouest avant la guerre civile), et le collaborateur de nombreux autres artistes. Il a également intégré, en 2010, les Mercenaires de l’Ambiance, le trépidant orchestre du Bal de l’Afrique Enchantée, nommé d’après l’émission éponyme de France Inter menée par Soro Solo, dont nous pouvons témoigner, pour avoir assisté à leurs concerts, que c’était en effet un orchestre sacrément « ambianceur », car il faisait danser dès les premiers morceaux toute la salle… enchantée !
Pour ce dernier album, Michel Pinheiro a réuni une large formation – ils sont quinze musiciens, avec une belle section de cuivres, centraux dans les musiques cubaines et la salsa des Caraïbes et d’Amérique Centrale, Mexique compris. Car quels instruments incarnent plus la joie tonitruante que les cuivres, trompettes et trombones, qui sonnent fort et permettaient de faire danser des foules entières, avant l’invention de l’électricité et des amplificateurs ? C’est donc « avec tambours et trompettes », ces instruments éminemment sonores, les premiers nés en Afrique et les secondes en Europe, que Michel Pinheiro et sa joyeuse bande de comparses nous régalent du premier au dernier morceau de ce disque !
Michel Pinheiro, qui est aussi vocaliste, chante ici dans une langue africaine qui est sans doute le béninois, mais également en espagnol ou en français, et conclut le disque par deux hommages. Le premier à son pays natal : « Connais-tu mon beau pays ? (…) Sa population qui t’accueille avec le sourire/Porto-Novo la capitale/Cotonou le marché/Parakou le carrefour/Agomé l’historique… ». Et le second hommage, qui conclut le disque, est à la musique vaudou, avec une composition musicale basée uniquement sur des tambours, une voix solo masculine et des choeurs masculins, et dont l’atomosphère évoque immédiatement un rite très ancien : ici nulle trompette importée, nul piano, nulle guitare. La salsa revient à son essence pure : les rythmes d’Afrique…
Un grand coup de chapeau à Michel Pinheiro et à toute sa bande, à qui nous souhaitons de faire danser des salles entières… dans le monde entier ! Mesdames et Messieurs les directeurs de Festivals d’été, voilà un joli cadeau à offrir à votre public pour le faire danser!