TOUFIC FARROUKH, Villes invisibles, L’Autre distribution
A Babelmed, nous avons toujours aimé Toufic Farroukh, jazzman libanais de génie (il est saxophoniste), modeste comme les vrais génies, et par conséquent qui n’est pas encore aussi connu du grand public qu’il le mériterait…
Nous avons été totalement conquise par ce dernier album, où l’inspiration de l’artiste et son inventivité sont à leur comble. D’une habanera bien balancée (« Villes invisibles ») à une bossa nova où s’invite une douce voix féminine brésilienne (celle de Naïma Yazbek, chanteuse et danseuse brésilo-libanaise aujourd’hui installée à Beyrouth) en passant par une composition aux accents celtiques (« Angela ») et une valse-musette bien parisienne (« Lady Moon »), l’immense artiste nous dit, mieux qu’avec des mots, à quel point l’âme libanaise est à la fois terre de rencontres et avide de croisements, de découvertes, et d’ouvertures : nous n’y pouvons rien, c’est dans l’ADN levantin, d’après l’histoire, et la géographie ! Le meilleur du jazz n’est plus uniquement américain ou européen. Et le Liban, minuscule pays, mais musicalement toujours à l’avant-garde dans la région, produit désormais parmi les meilleurs jazzmen du monde : à bon entendeur, salut !